Voici un roman qui ne laisse pas indifférent et le choix que
devra faire Jonas soulève bien des questionnements.
Pour cet article, j’ai choisi de ne rien écrire concernant ce roman
que je trouve absolument bouleversant. Les mots glissent et s’imbriquent entre
eux comme si l’auteur avait voulu nous faire vivre chaque mot, chaque pensée,
chaque émotion comme un dernier souffle. Et c’est pour cette raison que je vous
propose de lire quelques extraits qui suffiront à vous plonger au cœur de l’histoire.
Résumé :
Algérie, dans les années 1930. Les champs de blés frissonnent. Dans
trois jours, les moissons, le salut. Mais une triste nuit vient consumer
l'espoir. Le feu. Les cendres. Pour la première fois, le jeune Younes voit
pleurer son père. Et de pleurs, la vie de Younes ne manquera pas. Confié à un
oncle pharmacien, dans un village de l'Oranais, le jeune garçon s'intègre à la
communauté pied-noire. Noue des amitiés indissolubles, françaises, juives :
" les doigts de la fourche ", comme on les appelle. Et le bonheur
s'appelle Émilie, une " princesse " que les jeunes gens se disputent.
Alors que l'Algérie coloniale vit ses derniers feux, dans un déchaînement de
violences, de déchirures et de trahisons, les amitiés se disloquent,
s'entrechoquent. Femme ou pays, l'homme ne peut jamais oublier un amour
d'enfance...
Quelques passages du roman :
Extrait 1
De nouveau Emilie me dévisagea avec insistance. Lisait-elle dans mes
pensées ? Si oui, que déchiffrait-elle au juste ? Sa mère lui
avait-elle parlé de moi ? Avait-elle retrouvé mon parfum dans la chambre
de sa mère, décelé quelque chose que je n’avais pas su effacer à temps, la
trace d’un baiser en suspens ou le souvenir d’une éreinte inachevée ?
Pourquoi avais-je soudain le sentiment qu’elle lisait en moi comme dans un livre
ouvert ? Et ses yeux, mon Dieu ! irrésistibles, comment faisaient-ils
pour saturer les miens, se substituer à eux, passer au crible chacune de mes
pensées, intercepter la moindre interrogation me traversant l’esprit ?...
Photo tirée du film |
Extrait 2
- Il ne s’est rien passé Madame Cazenave. Emilie
est éprise de Fabrice, et Fabrice est mon meilleur ami.
- J’irai droit au but, Monsieur Jonas… Vous êtes musulman,
et bon musulman d’après mes informations, et je suis catholique. Nous avons
cédé, dans une vie antérieure, à un moment de faiblesse. J’ose espérer que le
Seigneur ne nous en tienne pas rigueur. Il ne s’agissait que d’un dérapage sans
lendemain… Toutefois, il existe un pêché de la chair qu’Il ne saurait absoudre
ou supporter : l’inceste…
Ses yeux me fusillèrent en lâchant le mot.
- Je ne vois pas où vous voulez en venir.
-
Mais nous sommes ne plein dedans, monsieur
Jonas. On ne couche pas avec la mère et la fille sans offenser les dieux, leurs
saints, les anges et les démons !
Elle redevint cramoisie, et le blanc de ses yeux cailla comme du lait.
Son doigt se voulu glaive quand elle tonna :
- Je vous interdis de vous approcher de ma fille…
- Cela ne m’a pas traversé l’esprit…
- Je crois que vous ne m’avez pas très bien
comprise, monsieur Jonas. Je me contrefiche de ce qui vous trotte ou non dans
la tête. Vous êtes libre de vous imaginer ce que vous voulez. Ce que je veux
est que vous vous teniez le plus loin possible de ma fille. Et vous allez me le
jurer ici, et tout de suite.
- Mad…
-
Jurez-le !
Photo tirée du film |
Extrait 3
- Tu te demandes sûrement pourquoi je suis surexcité ?...
Est-ce que tu peux garder pour toi ce que je vais te dire ? Tu connais nos
gens, et leur mauvais œil…
Son enthousiasme chuta devant mon indifférence. Il fronça les sourcils :
- Tu me caches quelque chose, Jonas. Quelque chose
de grave.
-
C’est juste mon oncle…
- Ben, je me prépare à t’annoncer une excellente
nouvelle, et toi, tu me présentes un profil à débander un tank…
- Vas-y, raconte. Peut-être que ça va me décrisper.
- J’y compte bien, tiens… voilà : Madame
Cazenave m’a proposé la main de sa fille et j’ai dit oui… Mais attention, rien
n’est encore officiel.
Lessivé.
Mon reflet dans la baie vitrée tenait le coup, mais, intérieurement,
je m’étais désintégré.
Extrait 4 (dans cet extrait Emilie appelle Jonas par son prénom d’origine : Younès)
Je me taisais. J’avais peur, en ouvrant la bouche, d’éclater en
sanglot. Je réalisais le mal que je lui avais infligé, le gâchis que j’avais
fait de ses espoirs, de ses rêves de jeune fille, de son bonheur pur et sain,
pugnace et légitime, naturel et confiant, qui, à l’époque, donnait à ses yeux l’éclat
de toutes les convoitises heureuses, de toutes les belles illusions.
-
Est-ce que je peux te poser une question, Younès ?
La gorge nouée, je ne pus que hocher la tête.
- Pourquoi ?... Pourquoi m’as-tu repoussée ?...
Si c’était pour une autre, tu l’aurais épousée et j’aurais compris. Mais tu n’as
toujours pas pris femme…
Une larme profita d’un moment d’inattention et parvint à se faufiler
entre mes cils et rouler sur ma joue. Je
n’eus pas e courage ni la force de l’intercepter. Aucun muscle ne m’obéissait.
- Qu’est-ce que tu me caches, Younès ? Qu’est-ce
que tu ne veux pas me dire ?
La digue céda : mes larmes coulaient à flots, cascadaient sur mes
joues, inondaient mon menton et mon cou. Je pleurais, et je sentais que je me
vidais de mes tourments, de mes remords, de mes parjures, tel un furoncle
libérant son mal. Je pleurais comme une ribambelle de mioches tant je ne
souhaitais pas m’arrêter de pleurer.
- Tu vois ? me dit-elle. Tu ne veux toujours
rien me dire.
Quand je relevai la tête, Emilie était partie.
Photo tirée du film |
Jonas arrivera-t-il
enfin à dire à Emilie qu’il n’a jamais pu l’aimer librement ?
Et si tout était déjà
joué ? Et si c’était simplement trop tard ?
Du livre au film :
En 2012, Alexandre Arcady donne vie aux personnages du roman. Ce film
qui est aussi bouleversant que le roman, vous transporte pendant environ 2h30.
Il réuni les acteurs suivants : Nora Arnezeder (Emilie), Fu’ad
Ait Aattou (Younes/Jonas), Anne Parillaud (Mme Cazenave).
Et d’autres…
Tous jouent incroyablement bien et la voix grave de Younès/Jonas a le
don poser véritablement les tensions qui règnent tout au long du film.
Quant à Emilie, elle nous transporte à chaque cri d’amour.
Le tout parsemé d’histoire avec un grand H.
Ce film a reçu le Prix Jeune
Public de la Meilleure Adaptation
Très intéressant. J'ai lu le livre, et l'ai adoré! J'ai hâte de voir le film et espère qu'il sera à la hauteur du livre.
RépondreSupprimerJ'ai vu en premier le film et ensuite lu le livre. J'ai fait l'inverse. Le film m'a vraiment bouleversée parce que toutes les émotions sont présentes. Les acteurs sont tous excellents.
SupprimerVous me direz ce que vous pensez du coup,
Sonia